samedi 2 août 2014

La Fille Maudite du Capitaine Pirate

Ha ! Qu’est-ce qu’on est serré, au fond de cette boite,
Chantent les sardines, chantent les sardines
Pour cette nouvelle escapade du côté de la bande dessinée j'ai décidé de vous présenter un ouvrage assez particulier car difficilement classable. En l’occurrence il s'agit du premier volume de La fille maudite du capitaine pirate, dessinée et écrite par Jérémy Bastian.

Le récit débute en 1728 à Port Elisabeth, Jamaïque. La Fille Maudite du Capitaine Pirate décide de partir à la recherche de son père disparu, l’un des redoutés flibustiers des mythiques mers d’Omerta. Accompagnée du perroquet Poivre d'As, la jeune fille se lance rapidement sur les traces de ce géniteur inconnu, que ce soit sur ou sous les mers, allant de rencontres en dangers sans jamais trahir son hérédité. Bref un récit de pirate foutraque, fantasmé et  fantasmagorique, car si Lewis Carroll ou  L. Frank Baum (Le magicien d'Oz) avaient voulus écrire une histoire de pirates, le résultat n'aurait probablement pas dépareillé avec La fille maudite du capitaine Pirate.

Dès les premières cases, le dessin hors-norme interpelle et déconcerte. Avec un trait entièrement à la plume, Jérémy Bastian semble prendre un malin plaisir à jouer avec les éléments constitutifs de ses cases qui finissent par transcender leur simple rôle premier en devenant partie prenante de la narration ; cases, textes et onomatopées explosent, se mêlent, accompagnant tout autant qu'ils contiennent l'histoire qu'ils soulignent. Même les bulles se font malléables, donnant à cette oeuvre un petit côté expérimental.

"Je vois trop rarement passer des œuvres originales - mais aussi originales que celle-ci ? Presque jamais ! Jeremy Bastian est un génie" 
Mike Mignola, créateur de Hellboy
Cela dit, si le dessin semble dériver sans but de case en case, cela n'est qu'apparent. En effet, si les artifices et effets se succèdent semble-t-il sans logique, force est d'admettre qu'ils empruntent pour la plupart aux grands classiques de la gravure ou de la peinture, notamment flamande. L'emploi de proportions grotesques pour certains personnages (un peu à la manière d'Eiichirō Oda dans One Piece) renforcent le côté conte de l'histoire alors que la mise en scène, rappelant souvent les toiles de Jérôme Bosch, confèrent également à l'oeuvre un côté pointu et référencé. En lisant La fille maudite du capitaine pirate, on a parfois autant l'impression de flâner de toiles en toiles dans une galerie de musée que de parcourir les planches d'une bande-dessinée.
Pour terminer j'ajouterais que vous pourrez lire une interview de Bastian ICI. De plus, et parce qu'ils ont suivis ensembles les mêmes cours à l'école d'Art de Pittsburg, ce dernier travaille également avec David Petersen à qui l'on doit les Légendes de la garde dont je parlerais dans un prochain billet.

Avec ce premier tome, Jeremy Bastian nous livre un ouvrage dépaysant, inclassable, parfois génial, toujours surprenant. Si on aime les histoires de pirates, les contes et la bande dessinée, alors ce bel objet doit faire partie de votre bibliothèque ! Vivement le tome 2 !


La fille maudite du capitaine pirate

Tome 1

Dessin et scénario : Jeremy Bastian 
Couverture Cartonnée, impression à chaud
Format 20,5x30
Pages 128
Parution 04/2014
ISBN 9782918596059

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